À l’occasion de la Journée internationale des droits de la personne, nous souhaitons sensibiliser davantage le public à la manière dont les intersections identitaires peuvent rendre une personne plus vulnérable. Pour ce faire, nous examinerons les éléments qui contribuent aux désavantages subis par de nombreuses femmes et filles autochtones.
Les femmes et les filles autochtones continuent d’être victimes de discrimination et de violence à des taux alarmants, bien supérieurs à ceux d’autres groupes. Les femmes autochtones sont les plus vulnérables à la discrimination et à la violence en raison des politiques coloniales oppressives, du racisme systémique et du sexisme omniprésent. Le Rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a révélé que « les violations persistantes et délibérées des droits de la personne et des droits des Autochtones » ont entraîné des niveaux élevés de discrimination et de violence, des problèmes qui continuent de gangréner nos institutions et nos collectivités.
Les femmes autochtones sont plus susceptibles d’être confrontées à la pauvreté, à des conditions de logement précaires, à des obstacles dans l’accès aux soins de santé et à l’éducation, à la violence conjugale, à une surveillance abusive de la part des services sociaux et à un traitement inégal de la part des forces de l’ordre et du système judiciaire. Ces désavantages cumulés les rendent plus vulnérables à la discrimination et aux préjudices. Les statistiques révèlent de profondes inégalités :
- Entre 2009 et 2021, le taux d’homicide chez les femmes et les filles autochtones était environ six fois plus élevé que chez les femmes non autochtones (Statistique Canada).
- Les femmes autochtones ne représentent qu’environ 5 % de la population féminine du Canada, mais elles représentent plus de 50 % des femmes incarcérées au niveau fédéral (Bureau de l’enquêteur correctionnel, 2023).
- Les enfants autochtones représentent plus de la moitié des enfants placés en famille d’accueil, alors qu’ils ne constituent qu’environ 8 % des enfants de moins de 15 ans (recensement de 2021).
- Les femmes autochtones font état de plus d’obstacles à l’accès aux soins de santé, tels que les longues distances à parcourir, le racisme dans les établissements médicaux et le manque de services respectueux de leur culture.
Pour lutter contre ces inégalités de manière concrète et efficace, il est essentiel de respecter les principes des droits de la personne. Les appliquer signifie aller au-delà de « l’égalité de traitement » pour parvenir à des résultats équitables, et reconnaitre que les politiques globales peuvent nuire aux personnes qui sont déjà confrontées à des obstacles. Par exemple, les critères de sélection communément appliqués quand une personne est à la recherche d’un emploi ou d’un logement peuvent involontairement exclure les Autochtones qui ont été confrontés à des obstacles systémiques nuisant à leurs résultats scolaires et les empêchant de trouver un logement stable. Dans le système judiciaire, les principes Gladue exigent que les tribunaux tiennent compte des facteurs sociaux et historiques qui affectent les délinquants autochtones afin de remédier à la surpénalisation historique des Autochtones.
Cette année, la Commission des droits de la personne des Territoires du Nord-Ouest lance le Prix commémoratif Gail Cyr pour l’égalité entre les genres. Ce prix vise à reconnaître l’engagement de Mme Cyr en faveur de l’égalité des droits de la personne et de la représentation des Autochtones. Son expérience en tant que survivante de la Rafle des années 1960 et sa participation à la mise en place du Programme d’assistance judiciaire aux Autochtones aux TNO ont fait d’elle une ardente défenseure de la justice et de l’égalité, notamment pour les peuples autochtones.
Le prix commémoratif Gail Cyr rendra hommage aux jeunes militants qui font preuve d’honnêteté, de courage et d’une approche respectueuse de l’égalité entre les genres. Ce sont là les qualités qui caractérisent un service empreint de compassion.
Jesse Wheeler, le fils de Mme Cyr, est fier de l’héritage laissé par sa mère : « Elle a eu une influence considérable et très positive sur la vie des gens. Elle aidait les gens, les mettait en relation avec les services dont ils avaient besoin et les rapprochait les uns des autres afin de créer une communauté. Ce prix incarne véritablement son engagement en faveur de l’égalité pour les femmes et les peuples autochtones. »
Pour en savoir plus sur la mise en candidature d’une personne au premier Prix commémoratif Gail Cyr, rendez-vous sur notre site Web.
